L’activité des vers assure l’aération et le brassage du sol avec une augmentation remarquable et significative de la composition physique et chimique de leurs rejets comparés à celle des terres qu’ils ingurgitent.
Leurs activités de « tunneliers », comme certains auteurs les qualifient, permettent l’entrée de l’air dans les couches profondes (près d’un mètre) des sols ce qui favorise la vie microbienne, les phénomènes d’oxydo-réduction et de chélation, la pénétration rapide de l’eau, des racines et des mycéliums vers des couches inexplorées.
De fait l’impact physique des vers de terre sur les sols provoque
Rechercher la présence des vers de terre (anéciques surtout) est le rôle de base des amendements organiques. Excepté les greenkeepers qui les redoutent à cause de leurs turricules gênants les balles de golf, tous les autres cultivateurs doivent impérativement les élever en leur apportant très régulièrement de la matière fraîche.
Les espèces de vers de terre habitant nos terres sont extrêmement nombreuses et variées mais leurs bols alimentaires se ressemblent : feuilles, pailles, résidus organiques (pétales, sépales, écailles…), brindilles, etc…
Les vers n’ont pas de pièces buccales leur permettant de découper la matière organique fraîchement arrivée au sol. Ils absorbent donc des matières réduites en petits débris par d’autres animaux et des matières molles, en cours de décomposition, ramollies par les sécrétions enzymatiques des bactéries et des champignons.Ces derniers traversent souvent le tube digestif des vers, sans dommage, pour poursuivre leur travail dans les turricules.
C’est par l’intermédiaire de leur gésier qui affine le broyage mécanique puis par le transit dans leurs longs intestins où s’opèrent toutes les réactions enzymatiques, que les vers participent à l’amélioration physique et chimique des sols.
C’est par les mouvements du transit intestinal que s’opèrerait, selon l’hypothèse émise par de nombreux chercheurs, la formation du complexe organo-minéral.
Les vers sont actifs la nuit car ils craignent la lumière et ils viennent chercher la M.O. là où elle est la plus abondante, c'est-à-dire en surface. Les vers épigés resteront dans les premiers décimètres du sol tandis que les Lombrics entraineront beaucoup plus en profondeur les matières qu’ils auront contribués à transformer.
Comme ils laissent sans cesse des turricules derrière eux, ils fertilisent les sols aux niveaux des racines.
Cette partie du sol influencée par les galeries des vers de terre est appelée la drilosphère. Elle abrite des communautés de bactéries plus riches et jusqu’à dix fois plus abondantes que le sol la jouxtant. La drilosphère augmente également la richesse et la vitesse de colonisation par les champignons, l’abondance des protistes et la densité et la richesse des microarthropodes.
Les mycéliums mycorhiziens s’y précipitent pour alimenter les plantes et extraire surtout l’azote et le précieux phosphore trop souvent bloqué par le calcium, le fer ou l’aluminium.
Même s’ils sont capables, grâce à leurs gammes variées d’acides organiques, de solubiliser le phosphore dans les conditions les plus difficiles, les mycorhizes ne rechignent pas à un travail facile dans les turricules, à l’intérieur des galeries, où aucun obstacle physique ne freine leur développement.
Cela ne doit pas nous faire oublier les galeries microscopiques laissées par les mycéliums morts et dans lesquels se réfugient les bactéries pour échapper aux protozoaires, trop gros pour y pénétrer.
Sachant que les fungi couvrent les sols sur des km2 et que les bactéries sont les plus nombreux organismes du sol, sachant que champignons, bactéries et actinomycètes jouent des rôles majeurs dans la chimie du sol, cela nous donne une idée de l’énorme machinerie alimentaire que l’agriculteur doit connaitre, organiser et diriger.
Il faut apprendre la vie et les mœurs des acteurs de la vie des sols : bactéries, champignons, arthropodes, vers de terre et les autres microorganismes responsables des capacités de la terre dite « arable » à assurer les conditions de vie sur notre planète.
Il est assurément bien difficile de croire que ces organismes si minuscules, invisibles pour la plupart, sont responsables des processus biochimiques influençant les écosystèmes à l’échelle planétaire mais il en est ainsi.
Le détail de leurs mœurs, de leurs activités sur les sols, de leur intelligence, de leurs partenariats avec les plantes sont décrits avec les détails nécessaires à la compréhension de leur importance.
Cet inventaire montre que les sols agricoles ne sont pas des supports inertes mais bien des lieux d’une complexité extrême où la biochimie des réactions enzymatiques liés à la digestion des M.O. fabrique les sols et une zone de vie où, au fil des millénaires, les plantes et les bactéries dites rhizosphériques et les champignons mycorhiziens ont établi des liens de confiance réciproque pour croître simultanément.
Les bactéries et les champignons (fungi) sont bien les principaux acteurs de la construction des sols. Les vers de terre, que la littérature présente comme les principaux responsables de cette construction paraissent, au contraire, dépendant de la présence des microorganismes bactériens et fongiques pour exister. Incapables d’ingurgiter de la M.O.F, les annélides sont obligés d’attendre que leurs nourritures soient prédigérées par plus petits qu’eux pour l’avaler, mais ensuite, leurs capacités incomparables à sublimer les éléments telluriques, à les rendre utiles aux équilibres des écosystèmes et utilisables par les plantes restent un des grands mystères de la vie terrestre.
D’autant plus surprenant de cette activité se déroule dans le silence et la noirceur des nuits, sans témoin.