C’est « le bruit de fond » de l’activité enzymatique animale et végétale tellurique qui gère les processus de fertilisation des cultures. Cette activité est continue, bien que soumise à la courbe annuelle des températures saisonnières mais l’absorption minérale des plantes est constante. A preuve les mises en réserves hivernales des espèces ligneuses, les floraisons hivernales, les débourrements successifs entre novembre et mai des espèces fruitières, les productions céréalières, légumières ou florales de plein champs en hiver (blé, orge, avoine escourgeon, choux poireaux, betteraves, narcisses, violettes, mimosa, hamamélis, olives, agrumes, etc…) avec la multitude de floraisons sauvages qui émaillent l’hiver et le printemps.
La liste des productions hivernales est impressionnante.
Entretenir sur l’année le potentiel organique des sols est donc indispensable pour une alimentation continue des plantes. D'autant que cette alimentation est régulée par l’activité des microorganismes (bactéries, champignons, protozoaires…) dont personne, à ce jour, dans le monde, ne connait l’exact secret des processus biochimiques.
La fertilisation à base de M.O. est une notion simple à comprendre et à pratiquer.
le but premier des apports de M.O. dans les sols agricoles est de nourrir les organismes telluriques pour bénéficier de l’ensemble des retombées biochimiques de leurs activités et par résultante seulement, de mettre à disposition des plantes les minéraux issus de leurs activités enzymatiques. Le raisonnement est totalement différent du concept chimique de la fertilisation où l’agriculteur raisonne sur les éléments minéraux N,P,K Ca,Mg, etc… à mettre en terre pour que ses cultures les absorbent. La terre n’est pas une éponge qu’on imbibe d’éléments fertilisants, la terre est un lieu de vie dont on nourrit les habitants.
C’est par ce processus naturel d’organisation/désorganisation que les éléments constitutifs des matières végétales formés de molécules complexes sont décomposées, cassées, brisées, jusqu’aux cations et anions permettant la constitution de nouveaux assemblages, en l’occurrence des nouvelles plantes ou parties de plantes (fruits, fleurs, branches) en vue des récoltes. Ce travail est accompli principalement par les bactéries et les fungi, affiné par les vers de terre.
Par des apports massifs, mais calculés de M.O., l’activité microbienne, mycorhizienne et lombricienne va mettre à disposition des plantes les quantités nécessaires à leur croissance. Et du fait de l’immense bouillonnement biochimique lié à la digestion et la prédation, tous ces minéraux sont constamment disponibles sous la forme d’un immense réservoir organique en perpétuel évolution dans lequel les plantes puisent sans retenue au moment précis où elles en ont besoin. Ainsi la croissance des plantes n’est pas freinée par des facteurs extérieurs à leurs horloges biologies internes et leurs cycles physiologiques peuvent se dérouler sans entraves autres que climatiques ou accidentèles. Le but agricole est alors atteint à la perfection : mettre à disposition des cultures le maximum de chance pour croître sans encombre minéral tout en ayant le minimum de désagrément phytosanitaire…
Les M.O. utilisées pour ce travail fertilisant seront en premier chef les plantes brutes, entières ou partielles (résidus de cultures) qui sont la source la plus évidente car sur place, dans les champs. Les apports exogènes de fumiers, pailles, compost, BRF, boues, matières du commerce etc… ne sont pas toujours possibles car pas disponibles à proximité de l’exploitation, trop onéreuses ou compliquées à mettre en œuvre (matériel spécifique). La longue liste des intrants exogènes (tableau ) capables de constituer une nourriture pour les organismes telluriques doit permettre aussi à l’exploitant agricole de rentrer dans la logique comptable de son entreprise.
En agriculture, les résidus après récoltes sont nombreux et il est possible d’installer en intercalaire ou de manière spécifique une culture fertilisante c'est-à-dire une plante possédant un feuillage abondant, un chevelu racinaire puissant ou une biomasse globale qui se développe intensément en une période très courte. Et cela sous toutes les latitudes, longitude et climat. Les résidus de cultures qu’ils soient pailles, branchages, cosses, rafles, drêches, feuilles, fruits, etc… sont universellement présents de même que les racines quand elles ne sont pas le but de la culture. Ce sont ces apports de MS par les plantes endogènes des parcelles cultivées qui permettent, sur n’importe quelle parcelle, la mise en place de la fertilisation en agriculture durable.
Le principe de fertilisation peut se résumer comme suit :
nourriture aux animaux et microbes du sol afin de profiter de leur activité biologique
et phytosanitaire
pour alimenter la réserve d’humus, entretenir la structure du sol et la réserve
minérale
La fertilisation biologique d’un sol est une et indivisible et se raisonne à l’année.
Principe de base : nourrir les sols 365 jours/an.
La dynamique de décomposition n’est pas un processus régulier. Elle est influencée par la composition chimique initiale du matériel végétal, sa taille (matière entière ou broyée) l’environnement physico-chimique et le taux de présence des organismes décomposeurs qui agissent séparément ou simultanément. Rappelons ici qu’il n’existe pas un équilibre type entre les organismes telluriques. Les équilibres animaux et végétaux microbiens des sols sont spécifiques à chaque parcelle en fonction de la nature de ses roches-mères et donc tous différents. Les M.O. des amendements, apportés de manières identiques sur deux parcelles, ne vont pas homogénéiser les populations. Chaque parcelle, comme chaque être vivant, garde son identité propre. Ce qui compte, c’est le résultat final et n’oublions pas que 98% des habitants des sols nous sont toujours inconnus.
Il est donc très important, en fertilisation organique, de raisonner à l’année et ce, d’autant plus que l’on nourrit d’abord les organismes vivants du sol avant de penser aux récoltes. Les organismes du sol enclenchent un processus qui tourne en rond ; comme un moteur que l’on met en marche et qui tourne tout seul, tant qu’il y a du carburant. Ils libèrent les minéraux constituant les tissus qu’ils décomposent. Ils s’alimentent en puisant dans ces matériaux mais comme leur durée de vie est excessivement courte, tous les minéraux qui constituent leurs corps sont ensuite eux-mêmes dégradés en un temps record (quelques secondes pour les bactéries) et libérés dans le sol, à disposition des plantes et des autres organismes. Il n’y a que les minéraux absorbés par les plantes qui sont éliminés du circuit, sinon, tout est intégralement restitué.
Dans les calculs, les comptes sont simplifiés : tout ce qui est apporté au sol sera disponible dans la semaine, dans un mois, dans un an. Le fait de réfléchir sa fumure organique sur 12 mois, année après année, aplanit les fluctuations dans les périodes de minéralisation et d’humification, reconstitue la réserve d’humus à son rythme, lentement ou rapidement mais sûrement et alimente en permanence la réserve de la solution du sol (CEC) et l’association argile-humus. Le stock de minéraux bloqués dans la biomasse des organismes telluriques sera toujours à son apogée et il peut représenter jusqu’à 3t/ha, hors vers de terre ! Cette biomasse libère ses composants tout le long de l’année, avec une courbe qui suit la chaleur des saisons. En zones tropicales l’activité ne s’arrête jamais et dans les zones à climat tempéré, l’activité hivernale est loin d’être négligeable.
Ces apports constants de M.O. au sol se pratiquent de manières très différentes selon les professions agricoles mais ils sont toujours guidés par l’idée de ne jamais laisser le sol sans couvertures de quelque nature que ce soit, vivantes ou mortes.
La seule action humaine possible dans le cadre de la fertilisation biologique des sols se situe
Il est possible d’orienter, comme nous l’avons déjà dit, l’activité biologique d’un sol en fonction de la nature des M.O. livrées en pâture aux réseaux trophiques
Ainsi, les apport de matériaux cellulosique (bois, paille, sciures, feuilles d’arbres, écorces, copeaux…) développeront l’activité fongique, excellente pour la formation des macros agrégats en sol battant, limoneux ou argileux. Les apports de matériaux plus azotés (type engrais verts, tourteaux de betteraves, compost de déchet verts…) sont attaqués préférentiellement par les bactéries qui occasionneront des gels favorisant les micros agrégats pour des sols plus sableux. Chaque professionnel doit sentir ce qui manque à ses parcelles mais la règle est la diversité et la proportionnalité entre matériaux cellulosiques qui alimentent également la réserve d’humus et les matériaux verts pour une minéralisation rapide. Il faut toujours mélanger les M.O. de manière à combiner les attaques bactériennes et fongiques à raison 1/3 pour les bactéries et 2/3 pour les fungi.
Les calculs de MO a apporter pour nourrir ses microorganismes et fertiliser ses cultures est simple mais pour en comprendre le raisonnement, le calcul et les appliquations pratique: compulsez nos livres.
Principaux éléments |
Teneur dans l’atmosphère % |
Teneur dans les plantes % |
Teneur dans le sol % |
Quantité dans la couche arable 3000t/ha |
Eau |
0.001 |
80 à 95 |
|
|
Azote |
79 |
0.5 à 4 |
0.03 à 0.25 |
1 à 8 t/ha |
Oxygène |
21 |
44 |
30 à 50 |
900 à 1500 t/ha |
Hydrogène |
5 x 10-5 |
6 |
0.8 |
20 t/ha |
Carbone |
0.01 |
45 |
0.05 à 10 |
1.5 à 300 t/ha |
Calcium |
0 |
0.1 à 3 |
0.5 à 35 |
15 à 1000 t/ha |
Magnésium |
0 |
0.1 à 0.9 |
0.5 à 1.5 |
15 à 60 t/ha |
Phosphore |
0 |
0.1 à 0.9 |
0.02 à 0.5 |
0.6 à 15 t/ha |
Potassium |
0 |
0.2 à 2.5 |
0.7 à 2 |
20 à 80 t/ha |
Soufre |
traces |
0.1 à 0.5 |
0.1 à 1.5 |
0.3 à 4.5 t/ha |
Fer |
0 |
0.05 |
0.7 à 5 |
20 à 150 t/ha |
Silicium |
0 |
traces |
40 à 70 |
1500t à 2100t/ha |
Aluminium |
0 |
traces |
2 à 12 |
60 à 350 t/ha |
Sodium |
0 |
0.1 à 0.9 |
0.07 à 0.8 |
2 à 25 t/ha |
Chlore |
traces |
0.01 à 0.9 |
0.01 à 0.02 |
300 à 600 kg/ha |
Manganèse |
0 |
0.05 |
0.01 à 0.1 |
0.3 à 15 t/ha |
Bore |
0 |
0.05 |
0.0004 à 0.01 |
12 à 300 kg/ha |
Zinc |
0 |
0.002 |
0.001 à 0.05 |
30 à 1500 kg/ha |
Cuivre |
0 |
0.002 |
0.0001 à 0.01 |
3 à 300 kg/ha |
Molybdène |
0 |
0.0001 |
0.0001 à 0.001 |
3 à 30 kg/ha |
Comparatif des teneurs en éléments entre atmosphère/plante/sol