3 C AGRO CONSEIL Agronomie Agrologie Agriculture-biologique Paysage Ecologie Foresterie Biologie du sol Environnement
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Les sols sont vivants

Espace physique

 

Le sol est l’endroit le plus superficiel de l’écorce terrestre, battu par les pluies, malmené par les différences de température, brassé par les vers, champignons, bactéries, insectes et autres mammifères qui y vivent, alimenté par les déjections et les cadavres d’animaux et les débris des végétaux.

Les plantes y développent leurs racines pour s’y stabiliser et compléter leur alimentation.

 

 

Espace de vie

 

C’est à ce titre que le sol joue un rôle fondamental en agriculture. La composition des roches-mères est secondaire. Ce qui importe dans les sols, c’est la vie qu’ils abritent, les réseaux édaphiques qu’ils entretiennent c'est-à-dire les multiples associations et combinaisons entre organismes qui (i) permettent aux plantes d’extraire les 5% d’éléments qu’elles ne trouvent pas dans l’atmosphère dont elles tirent l’essentiel de leur nourriture, (ii) créent des systèmes d’alerte et de défense sanitaires pour lutter contre les prédateurs, (iii) améliorent toutes les capacités physiques et chimiques des sols pour mettre à disposition des plantes un arsenal de moyens pour croître.

 

Le sol est une communauté d’êtres vivants dont l’agriculteur, le maraîcher, l’horticulteur ou le jardinier a la responsabilité. Face à ces êtres infiniment petits, il a la toute-puissance d’un dieu. De ses décisions dépendront l’organisation rationnelle de cette communauté dont il  tirera tous les bienfaits pour ses cultures, ou au contraire, il la déséquilibrera et entrainera sa mort rapide avec toutes les incidences néfastes sur la production.

 

Un sol uniquement constitué de roches dégradées n’est pas viable pour les plantes. De même, un sol constitué de matières végétales non décomposées n’est pas exploitable par les racines.

Les sols agricoles n’existent que par la présence des microorganismes et de leurs activités décomposantes qui, en  libérant les minéraux contenu dans les M.O et pour partie dans les

roches, sont à l’origine des multiples réactions chimiques ultérieures. Sans parler des actions sur la structuration et la résistance des agglomérats formés par les sécrétions (lipides et protéines hydrophobes) exsudées des bactéries et  des champignons qui forment des mucus extrêmement collants qui complètent la solidité des liaisons électriques.

 

La pédogénèse, à notre échelle de temps humain, est une affaire essentiellement microbienne.

 

 

Le réseau trophique

 

C’est  l’étude de ce réseau trophique (l'ensemble de la chaîne alimentaire du sol) au cours des dernières décennies qui a mis en évidence son rôle capital dans l’harmonie de la croissance biologique des plantes.

 

Le développement du réseau trophique des sols doit devenir pour les cultivateurs la première des priorités, car c’est de son parfait développement que dépendent la stabilité des sols (dynamique de l’air et de l’eau), leurs fertilités (rétention et mise à disposition des nutriments), leurs états sanitaires (suppression des ravageurs et des maladies par équilibrage des colonies),  la croissance saine des plantes ( par production d’antibiotique ou induction d’éliciteurs stimulant la résistance aux pathogènes) et la saveur des végétaux par une meilleure alimentation des plantes en oligo-éléments (notion de terroir).

(voir page "les microorganismes)

A l’état naturel, les sols sont des lieux de vie où se croisent, s’associent, se détruisent, cohabitent ou s’ignorent des milliards d’individus : des animaux (protozoaires, annélides, némathelminthes, arachnides, insectes aptérygotes, larves des insectes ptérygotes, les myriapodes et les crustacées) et des végétaux microscopiques (algues, moisissures, bactéries, champignons) sans oublier les racines des plantes et leurs sécrétions.

l'agriculture sur sol vivant: principes de base

Le sol vivant.pdf
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Cultiver la terre, ce n’est pas l’ensemencer où y planter des arbres.

 

Cultiver la terre cela veut dire faire progresser la communauté vivante qui s’y trouve vers la meilleure harmonie possible. C’est entrainer les différentes parties qui la composent vers un but précis -les cultures- en magnifiant le jeu et les nuances des instruments –les micros et macros organismes- pour que la partition soit sublimée, comme un chef fait répéter les différents instruments de son orchestre.       

Composition moyenne d’une terre arable sur 20cm à l’hectare : 2000m3

Quantités/ha

tonnage de terre

3400 t

40% air et solution

1300t reste 2100t de matériaux

2% d’humus stable sur 2100t

42 t

3 à 5% de matière organique sur 2100t

63 à 105 t

60% de silice (contenu moyen d’une terre)

1200 t

2% de minéralisation annuelle de l’humus

0.85t à 1 t (850kg à 1000 kg)

30 à 35% du poids de terre en minéraux

630t à 735t

Organismes vivants

0 à 6 t (avec ou hors vers de terre selon les auteurs)

Avant toute intervention  pour cultiver une terre en vue de  produire des légumes, des fleurs ou des céréales, il faut acquérir certaines notions de base.

Aussi louable soit l’intention, sans la connaissance du principe fondamental de la relation plantes-microorganisme du sol, il sera impossible de se servir de cette formidable machine qu’est la Nature.

Bien piloté, un sol travaille pour celui qui en prend soin et le résultat sera une croissance équilibrée, régulière, autorégulatrice en matière de mécanismes de défense et généreuse en matière carbonée.

 

Comprises, respectées et nourries, la faune et la flore microscopiques des sols mettront à la disposition des cultures tous les mécanismes de croissance, de protection et d’alimentation qu’elles ont élaborés durant des millions d’années.

 

Et si on y  rajoute la diversité des écosystèmes, ce grand orchestre  naturel à disposition des cultivateurs se mettra à jouer des symphonies aux rendements exceptionnels et aux saveurs incomparables.

 

La plus élémentaire des notions à acquérir est la connaissance du support de ces vies microscopiques : les sols.

La seconde sera la compréhension des rôles respectifs de chacun de ces intervenants et de leur organisation en réseau.

 

 

Formation et composition des sols :

 

Le sol est le résultat du brassage de deux composants :

 

  1. un composé minéral issu de la décomposition des roches-mères
  2. et un composé organique issu des cadavres végétaux et animaux (la litière).

 

Ces deux composants sont liées entres eux par des liaisons électriques.

 

Les dérivés de la silice, de l’oxygène, de l’hydrogène, du fer, et l’aluminium, etc… provenant des roches attaquées par les bactéries se transforment en argile : colloïde électronégatif fragile.

 

Les dérivés formés de carbone, d’oxygène, d’hydrogène et d’azote en provenance de la litière grâce aux activités microbiennes du sol se transforment en humus : colloïde électronégatif fragile.

 

Par leurs liaisons électriques identiques,  les argiles et les humus ne peuvent pas s’unir.

Sans le pouvoir électropositif du calcium, du fer et de l’aluminium, ces colloïdes électronégatifs seraient évacués avec l’eau de pluie avec laquelle ils s’associent par l’intermédiaire de l’oxygène.

 

Les sols, dont nous tirons  notre nourriture et le luxe de nos jardins, sont donc formés grâce à des liaisons électriques de particules microscopiques qui forment ce que nous appelons » le complexe argilo-humique ».

 

Seuls les microbes du sol sont capables  de décomposer les minéraux et la litière à cet état moléculaire où ces liaisons chimiques sont possibles.

 

Ces mécanismes de transformation sont les résultats successifs de la chaine alimentaires des animaux et des végétaux vivants dans les sols qui, après avoir attaqués les composants minéraux et organiques, les digèrent et les rendent disponible sous forme moléculaire.

 

Mais ces liaisons électriques sont fragiles et les équilibres des sols sont par conséquent instables. La température, qui réduit ou accélère les réactions chimiques influence l’évolution des sols, au même titre que la pluviométrie qui facilite l’activité microbienne, la nature des roches- dure ou tendre- et de la végétation –résineux ou feuillus- aboutissent à la grande diversité des sols que nous avons sur notre planète.

 

De tous les paramètres intervenants dans la constitution de sols, celui de l’activité microbienne est primordial et, paradoxalement, c’est le plus fragile.

 

Pour avoir négligé depuis un siècle l’entretien de l’activité microbienne des sols sur sa planète, l’humanité le paye aujourd’hui de manière très forte par la mort biologique de millions d’ha de terres que suivent inexorablement une érosion hydrique ou éolienne et la désertification. Actuellement ce phénomène détruit 10 millions d’ha par an et abouti à la famine d’un milliard d’individus.

 

Par le non respect de cette Loi terrestre essentielle –le taux de matière organique dans les sols- et la biologie qui en découle, l’homme détruit inexorablement ses terres agricoles. Cette destruction est favorisée par les pratiques qui détruisent la vie microbienne : le labour, l’irrigation, l’apport d’engrais, les traitements phytosanitaires, le déboisement.

 

Nous ne sommes pas vraiment loin de faire de notre Terre un désert. Il faut redresser vigoureusement la barre pour repartir sur des bases agronomiques plus en rapport avec nos connaissances si l’humanité veut stopper cette dégradation.

 

Des mouvements mondiaux s’organisent pour imposer de nouvelles normes agronomiques, baptisées « agrologiques », labélisées biologique, biodynamique, organique, durable, intégrée, de conservation, etc…

 

Les mots peuvent et doivent décrire les mécanismes incontournables des cycles biologiques que l’agriculture doit se réapproprier. Faut-il donner un nom à ces mécanismes et à leur pratique ?

Les scientifiques découvrent chaque jour un peu plus le pourquoi et le comment de ces mécanismes de la vie des plantes et des sols. Doit-on changer à intervalles réguliers la dénomination de l’utilisation de ces mécanismes ?

 

L’essentiel est dans le fonctionnement et la biologie des sols.

 

 

Un sol biologiquement actif est un sol sain

Comment un sol, contenant des milliers d’espèces de bactéries différentes, de champignons, de virus, de microorganismes carnassiers, etc… pourrait-il se laisser envahir par une seule espèce de larve d’insecte, de nématode phytophage, de mycélium de Rhizoctonia ou de Botrytis, etc… sachant les multiples mœurs qui conduisent les plus petits à attaquer les plus gros pour les dissoudre de l’intérieur et entrainer leur mort et les mœurs des plus gros à se nourrir de bactéries, de mycélium ou d’autres animaux plus petits qu’eux ?

 

La multitude d’espèces et la diversité des mœurs alimentaires sont les plus précieux atouts de la régulation phytosanitaire au niveau des sols d’autant plus que le développement des mycéliums pathogènes se fait dans des conditions de sol asphyxiant, c'est-à-dire à l’opposé du résultat naturel d’une bonne activité animale et micro-organique.

En agriculture durable, respectueuse de la conduite biologique du sol, il n’y a pas de problème pour laisser sur place, après récolte, les feuilles, tiges, branchages, résidus de cultures, bruts ou  broyés, sur le sol ou enfouis sur les premiers centimètres.