3 C AGRO CONSEIL Agronomie Agrologie Agriculture-biologique Paysage Ecologie Foresterie Biologie du sol Environnement
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La gestion pratique de la M.O. aux champs

 

La litière permanente

 

Nous abordons à présent l’essentiel du travail pratique de l’agriculteur pour mettre en place toute la panoplie des réseaux interactifs de la biodiversité des sols que nous avons décrit.

 

Le principe de la litière

 

Le non labour (no tillage) et la gestion des M.O. vont de pair. C’est à l’évidence ce que les agriculteurs reconvertis à la fertilisation organique pratiquent dans le monde entier.

Apporter les amendements fertilisants au sol, de la manière la plus économique, se fait par le broyage ou le couchage des pailles des cultures (après récoltes des grains) ou le couchage des plantes entières (avant fructification) sur le sol à l’aide d’un rouleau avec ou sans ailettes, placé devant le tracteur. Les ailettes sont là pour hacher les tiges et faciliter l’entrée des mycéliums dans les tissus.

Lorsque la biomasse amendante encore sur pied est suffisamment fine ou dégradée, le semis est souvent réalisé directement à travers les résidus sans les coucher surtout lorsque la culture semée sera de grande taille type maïs ou tournesol.

 

A l’arrière du tracteur, dans le même passage, un semoir positionne les graines de la culture à venir.  Les graines sont positionnées à la profondeur désirée selon les espèces avec autant de précaution que pour un semis sur sol nu. La litière ne remplace pas le contact graine/sol pour une bonne germination.

Cette technique est déroutante de prime abord mais uniquement par l’esthétique du sol au moment du passage des engins car la pose des graines dans les premiers centimètres du sol reste identique à un semis sur sol nu et guère plus difficile à maîtriser que toutes les autres techniques agricoles.

 

Coucher les plantes tout en les brisant en morceaux de 15 cm avec le rouleau à ailettes est la solution la plus simple, la plus rapide et celle qui permet un passage plus facile du semoir (sans bourrage) dans la même opération. Le broyage des plantes n’est guère pratiqué car il nécessite la prise de force du tracteur, donc un passage spécifique. Par contre, avec un girobroyeur les matières végétales sont explosées et sont plus rapidement attaquées par les organismes du sol. Cette opération est intéressante en début de recyclage avec des plantes fortement cellulosiques accompagnées de graminées ou de légumineuses. En cassant les fibres, on accélère les attaques des champignons et les matières azotées finement broyées et intiment mélangées enclencheront immédiatement le travail des bactéries.

 

 

C’est en broyant ou en couchant sur le sol de ses parcelles les plantes qu’il aura choisies en fonction de la gestion de ses rotations commerciales, que l’agriculteur enclenchera la chaîne des processus écologiques naturels conduisant à l’expression du potentiel génétique de ses semences. Positionnées en terre, sous le fatras des M.O.F  constituant la litière protectrice, les graines germeront dans une humidité conservée et constante, au milieu du bouillonnement microbien qui colonisera dès leurs apparitions les radicelles naissantes, enclenchant les processus trophiques et les échanges sol/plantes dès la prime enfance des plantules.

 

 

Le non labour systématique remplacé par un rouleau à ailettes ou grillagé pour casser les plantes amendantes simultanément au semis est généralement très vite adopté par les agriculteurs  car le labour représente un poste économique très lourd et le roulage avec semis dans la même opération réduit considérablement le temps de travail.

 

Certains agriculteurs pratiquent la méthode intermédiaire du ‘micro-labour’ (« strip till »). La méthode du « strip till » est une technique qui consiste à ne travailler la terre qu’à l’endroit où l’on va déposer la graine, sur 10 centimètre de large et laisse la litière intacte entre ces bandes travaillées. Elle nécessite un matériel spécifique mais permet de bien positionner les graines et d’incorporer les M.O.F. à la terre sur une partie du champ. Là également, le semis se fait en même temps que le micro labour pour réduire les passages de tracteur dans les champs.

 

 

Cette litière, pour garder le terme forestier dont les nouvelles techniques agricoles s’inspirent, et qui implique le non labour, fait travailler la faune et la flore des sols dans des conditions  aérobies et permet d’améliorer les qualités physiques, chimiques et biologiques des sols sans travail humain. Elle permet la captation des dépôts d’Ingham, constitue le garde-manger des vers de terre anéciques qui redescendront les M.O. en profondeur, elle conserve l’humidité, assure un tampon isolant et régulateur de la température de surface du sol et empêche la levée tous azimuts des graines sauvages. De plus, toute cette matière organique attirent staphylins, scarabées, syrphes, carabes, cantharides et autres Diptères, Syrphidae, Coléoptères, Coccinellidae qui sont pour certains des prédateurs remarquables des limaces.